La période du post-partum, qui s’étend du moment de l’accouchement aux 6 semaines de vie du bébé, est une période particulière de la vie d’une femme et d’un couple. En réalité, on parle même des difficultés des 3 premiers mois ou de « 4e trimestre de la grossesse ».

Non seulement il faut récupérer de son accouchement (physiquement et psychiquement), qui a été plus ou moins simple, mais il faut aussi faire connaissance avec son bébé, et réadapter son mode de vie. Votre enfant possède évidemment ses besoins propres, qui ne seront pas toujours « compatibles » avec vos besoins à vous sur le moment (dormir la nuit, préparer un repas, partir à un RDV …). Si on y ajoute un nouveau fonctionnement du couple intégrant les notions de parentalité et de nouvelle répartition des tâches quotidiennes, cela donne un sacré programme gravitant autour d’un adorable petit être humain d’environ 50 cm !

Alors voici quelques conseils (oui, il y a pas mal de lecture), en vrac, qui pourront peut-être vous aider :

ANTICIPER LA PÉRIODE DU POST-PARTUM

Vous pouvez profiter des semaines de congé prénatal pour vous avancer à différents niveaux :

– Si vous aimez cuisiner, préparez des plats pour votre famille et/ou en portion individuelle, que vous pourrez congeler et réchauffer en quelques minutes quand bébé sera là. Si vous n’aimez pas cuisiner, remplissez votre congélateur de produits surgelés du magasin.

– Faites-vous une liste des démarches à faire après la naissance, pour ne rien oublier : déclarer votre enfant à la Sécurité Sociale (cette démarche est souvent faite à la maternité)/la mutuelle/les assurances/l’employeur pour pouvoir organiser votre retour au travail ou vos congés parentaux, prendre RDV chez un pédiatre ou un médecin généraliste pour les 15 jours et pour le 1er mois de bébé, prendre RDV auprès de la sage-femme ou du médecin qui a suivi la grossesse pour la visite postnatale (6 à 8 semaines après l’accouchement), finaliser l’inscription de votre bébé auprès
de la crèche ou de l’assistante maternelle. Vous pouvez aussi faire un listing des adresses pour envoyer les faire-parts, etc….

– Jetez un coup d’œil aux modes d’emploi des sièges autos, poussettes, transats, etc. Testez-les, montez-les, installez-les de manière à vous familiariser avec le fonctionnement de tout votre matériel.

ORGANISER LES ESPACES NUIT ET BAIN DE BÉBÉ

Certes, vous vous rendrez compte que seules les expériences concrètes, « en immersion avec bébé », permettront de trouver l’organisation la plus simple et la plus pratique chez vous, au fur et à mesure, mais il y a quelques petites choses à savoir :

– Le coin bain : ne vous embêtez pas avec des baignoires encombrantes, bourrées d’accessoires. Pensez confort et sécurité, surtout si l’un des parents se retrouve souvent seul à faire le bain. Vous devez pouvoir tenir votre bébé dans un bras et « manœuvrer » avec l’autre pour éventuellement faire couler l’eau, vérifier la température avec un thermomètre, gérer l’ouverture du gel-douche, mais aussi pouvoir poser votre bébé à proximité de la baignoire. Pour cela, prévoyez un maximum de matériel dans la salle de bain : matelas à langer (quitte à déménager celui de la chambre, ou à en avoir 2, ou à poser bébé par terre sur un tapis), couches, serviette et body à portée de main, etc.

– Le coin nuit : que vous ayez choisi d’allaiter ou non, de coucher votre enfant dans un lit cododo, un lit séparé dans votre chambre ou dans son lit dans sa chambre, il faudra avoir à l’esprit que vous allez être réveillé par lui au cours de la nuit. C’est pourquoi il est intéressant de prévoir une petite lumière tamisée, histoire de voir dans le noir sans trop se réveiller, de prévoir le nécessaire de change et/ou de biberon à proximité.

Moins vous allez quitter votre lit (voire pas du tout), plus vous pourrez vous rendormir facilement. L’environnement peu stimulant de la nuit aidera aussi votre bébé à distinguer le rythme jour-nuit au fur et à mesure des semaines.

Surtout, faites les choses comme c’est bien pour vous sur une période donnée. L’organisation évoluera naturellement avec les semaines. Il est important de ne pas « s’enfermer dans des principes ».

DU REPOS, AU MAXIMUM !

Dormez et reposez-vous dès que possible! Vos nuits seront perturbées, votre façon de dormir sera différente d’avant, votre corps devra récupérer de l’accouchement, vous aurez de nouvelles choses à penser et à faire dans la journée… Alors dès que votre bébé sera en train de dormir, dormez en même temps que lui (tout près de lui facilite et apaise l’endormissement, souvent pour tous les deux…).

La fatigue, qui peut dater de la fin de la grossesse, s’accumule dans le couple au fur et à mesure des semaines. Tout est plus difficile, le moral en pâtit rapidement.

Lorsque vous ne dormez pas, restez un maximum couchée ou assise durant les trois premières semaines à proximité de votre bébé. Cela permet de construire un lien avec lui et permet à votre corps d’éviter certaines pressions au moment où le périnée cicatrise, et où les organes se repositionnent les uns par rapport aux autres. L’idée est de pouponner tranquillement et de profiter des moments calmes. Vous allez prendre l’habitude de vivre avec un bras, l’autre portant souvent bébé.

Le repos est primordial au bon démarrage de l’allaitement maternel.

LIMITER LES VISITES ET S’ORGANISER AVEC LES PROCHES

Vos priorités sont le repos et la proximité avec votre bébé. Vous allez vivre à son (non-)rythme.

Demandez à vos proches de vous prévenir, de vous demander quand passer et à quelle heure, de ramener à manger. Prévenez-les aussi de respecter au maximum vos besoins, et ce, dès le séjour à la maternité. Tout le monde ne comprend pas toujours cela, mais ce n’est pas grave, pensez d’abord à vous, à votre petite famille, à votre bulle avec bébé. Le « congé paternité », lorsqu’il est pris à cette période, passe vite.

N’hésitez pas, à contrario, à solliciter les « visites d’aide ». Entourez-vous des personnes proches, avec lesquelles vous vous sentez bien (même en pyjama, voire avec un sein à l’air). Celles qui vous facilitent l’existence : un peu de ménage, une lessive, la gestion des autres enfants… Ou qui vous prêtent tout simplement une oreille attentive et bienveillante.

SE FIXER DES OBJECTIFS SIMPLES AU QUOTIDIEN

Les journées se déroulant au (non-) rythme de bébé, allez au plus important : manger, dormir et vous laver. Ajoutez-y une ou deux choses par jour selon les possibilités : faire une lessive, vous faire des soins, remplir des papiers, ou bien faire une promenade + débarrasser le lave-vaisselle, ou encore faire des courses en ligne (à aller chercher ou à faire livrer) + recevoir une visite, etc.

Le but de la journée, c’est que vous soyez bien, votre bébé, votre conjoint et vous. Le reste peut attendre, ou peut être délégué. Parfois, il faut savoir lâcher prise et accepter que les choses ne se déroulent pas comme prévu.

Dites-vous, surtout si vous êtes seule la journée, qu’ il y aura des « jours avec et des jours sans ». Dans les » jours avec », tout va rouler, vous arriverez à faire plein de choses (dont vous reposer) et à manger aux heures habituelles de repas. Dans les « jours sans », tout vous paraitra difficile et fatigant, voire impossible et vous mangerez votre repas de midi à l’heure du goûter… Votre bébé vous sollicitera parfois plus et aura plus besoin de vous (ex : « pics de croissance » pendant l’allaitement, digestion difficile, normale sur les 3 premiers mois, examens médicaux, etc.).

Ne cherchez pas la perfection dans votre gestion du quotidien et de votre bébé. Ne culpabilisez pas de ne pas faire ou gérer comme vous le pensiez, ou comme vous l’avez vu faire chez d’autres.

ÊTRE UNE ÉQUIPE PARENTALE ET RESTER UN COUPLE

– L’équipe parentale : vous allez vite remarquer qu’un bébé est un « employeur de 2 parents à presque temps plein » malgré son petit gabarit. Quatre bras ne seront pas de trop pour porter bébé, changer les couches, réaliser le bain, porter des packs d’eau, ajuster le coussin d’allaitement, laver les bodys, partir en promenade en passant à la pharmacie… Accordez-vous pour répartir au mieux les tâches, mais profitez de chaque moment pour contempler le petit être que vous aurez fabriqué à deux.

– Le couple : même si l’esprit d’équipe va l’emporter sur les élans amoureux les premières semaines, gardez au maximum vos habitudes de couple : mangez ensemble (même si bébé est au sein ou si vous lui donnez un biberon en même temps), gardez le contact physique (même si bébé est entre vous deux) lors de bisous et câlins, gardez vos petites attentions, etc. Mais surtout, communiquez, encore et toujours, à propos de vos ressentis, de votre vécu, de votre bébé, des difficultés, de la reprise de la sexualité (il n’y a pas de règles au-delà de la cicatrisation d’éventuelles sutures, juste de se sentir prêt si vous avez un moyen de contraception).

Ayez en tête que la fatigue et les différences de rythme de vie sont à l’origine de tensions et de frictions. Par exemple, si le conjoint travaille et que vous êtes à la maison avec bébé, soyez tolérant l’un avec l’autre, car chacun aura ses difficultés quotidiennes, son stress et sa fatigue. Soyez patients, vous vous retrouverez plus tard.

PRENDRE SOIN DE SOI

Votre corps aura traversé une grossesse et un accouchement, il aura pris 9 mois à s’adapter, il mettra donc un certain temps à récupérer. Il est fort probable que votre ventre ne se redessine qu’à partir de 3 mois (et plus), que vous sortiez de la maternité avec un ventre d’une taille équivalente à celui d’une grossesse de 5 mois (l’utérus met 2 mois à retrouver sa taille habituelle, la peau et les muscles sont distendus ; ils ont tous laissé de la place à votre bébé), et que vous portiez vos vêtements de grossesse encore quelque temps.

Ajoutez à tout cela, des sutures qui doivent cicatriser, des pertes de sang durant 3 semaines (l’utérus cicatrise aussi, prévoyez des protections hygiéniques), des seins qui coulent, de la fatigue, des jambes gonflées, un mal de dos, une constipation passagère… En dehors des traitements médicaux parfois nécessaires, il va falloir se réapproprier votre corps qui a fait son « job » : mangez bien, même si les heures ne sont pas habituelles, buvez beaucoup, prenez soin de votre corps, hydratez-le, massez-le et soyez patiente. Prévoyez-vous, dès la maternité, des tenues confortables, faciles à porter dans lesquelles vous vous sentez bien. Bienveillance envers vous-même doit être votre seul leitmotiv.

Quand vous le sentez, prévoyez-vous des RDV qui vous font du bien, avec ou sans bébé : coiffeur, esthéticienne ou une petite sortie avec des amis.

A noter qu’il est très intéressant de prendre RDV chez un ostéopathe dans les 2 mois qui suivent l’accouchement pour récupérer physiquement (travail du bassin par exemple).

La reprise du sport doit se faire en douceur, et de préférence après la rééducation périnéale (à débuter au plus tôt à 6 semaines de l’accouchement). Vous pouvez déjà faire un peu de marche et favoriser la récupération abdominale et périnéale avec des exercices en hypopressif ou en fausse inspiration.

Écoutez-vous, confiez-vous, pleurez si vous avez besoin. Vous allez vivre de grands bouleversements physiques et psychiques à travers des moments de grand bonheur, mais aussi de doutes et d’angoisses avec votre bébé. Le baby-blues, qui touche 3 femmes sur 4, survient dans la première semaine du post-partum et correspond souvent à des variations hormonales, il est normal et passager. Par contre, si vous vous sentez de plus en plus fatiguée, que vous vous détournez de votre bébé, que vous vivez chaque moment comme une contrainte, que vous vous sentez très mal, c’est peut-être une dépression postnatale. Dans ce cas, il faut consulter un professionnel de santé. De manière générale, ne restez pas seule en cas d’angoisses (sur votre bébé, sur vous, sur le vécu de votre accouchement), sollicitez vos proches, votre sage-femme ou votre médecin.

UN BÉBÉ QUI PLEURE, ET C’EST « TANT MIEUX »

L’une des plus grandes difficultés/angoisses/préoccupations du post-partum et de la venue au monde de bébé est son moyen de communiquer lorsqu’un besoin se fait sentir : les pleurs. Et il est impossible de les éviter.

Rappelons qu’un bébé reconnaissait la voix de son papa, la voix et les battements du cœur de sa maman, mais tout ça de l’intérieur. Il connaissait son cordon ombilical et son « cocon » utérin. Maintenant, il découvre tout de l’extérieur et il vit des sensations inconfortables : la faim, l’espace, le froid, le chaud, la digestion, les bruits, le vide…

En tant que parents, vous êtes donc les repères de votre bébé. Il va pouvoir découvrir le monde, d’abord comme une prolongation de vous, puis comme un être à part. Il lui sera nécessaire de s’attacher sereinement à vous. Plus tard, il pourra se détacher afin de vivre ses propres expériences, en sachant qu’il pourra toujours compter sur vous.

En attendant, votre bébé aura besoin de vous pour grandir et se développer. Alors pour vous signaler que quelque chose ne va pas, il va pleurer : pour manger, boire, téter, se sentir « contenu » et protégé, pour que sa couche soit changée, pour s’apaiser et s’endormir… Tout petit être humain échange avec ses parents et apprend à modifier ses pleurs pour se faire comprendre. Chaque parent devient ainsi le spécialiste de son propre enfant, vous pouvez vous faire confiance, même si cela prend un peu de temps.

Toutes les dernières recherches, études et analyses balaient les idées reçues sur les pleurs des nourrissons, comme on les percevait autrefois : votre bébé est incapable de faire des caprices, il n’a pas la maturité cérébrale nécessaire. Il faut répondre à ses pleurs. C’est pourquoi la proximité et le maternage sont recommandés. Ignorez les trop nombreux commentaires et autres conseils de l’entourage du type « laisse-le pleurer », « il va devenir capricieux si tu le portes trop », « ne l’allaite pas, car il ne te lâchera jamais le sein et ne fera pas ses nuits », « il faut donner le biberon/le sein impérativement toutes les 3h », « un bébé doit dormir tout de suite dans son lit, dans sa chambre sinon il ne voudra jamais vous quitter », etc.

Lorsque les pleurs sont difficiles à supporter, car déroutants, voire stressants (pleurs de décharge du nouveau-né en fin de journée et le soir, par exemple), il ne faut pas hésiter à passer le relais à l’autre parent ou à un proche. Sachez demander de l’aide, personne ne vous en voudra.

Parfois, si les pleurs sont trop intenses, fréquents et/ou inconsolables, il faudra peut-être rechercher une cause médicale. N’hésitez pas à consulter.

Cabinet de sages-femmes, 50 bd St-Symphorien à Longeville-lès-Metz, 03 87 17 28 35